Very sad to hear of the death of Jean-Claude Malgoire, one of the pioneers of the early music movement in France. I remember getting his HIP performance (the first, I am sure) of 'Hippolyte et Aricie' back in the seventies. I was also lucky enough to see him guest conducting at Sadler's Wells, for the English Bach Festival's production of 'Platée'. I enjoyed it so much, I went on two consecutive evenings!
For those of you who can manage French, here is Christophe Rousset's touching tribute, posted on Facebook today:
Hommage à Jean-Claude Malgoire
Encore adolescent depuis ma province, débutant au clavecin j’ai entendu la voix de Malgoire pour la première fois sur France Musique à La Tribune des critiques de disques où l’écoute comparée se portait sur Acis & Galathea de Handel. L’époque était au travail de sape des anti- baroques comme Antoine Goléa qui fustigeaient systématiquement les instruments anciens, le diapason 415 hz et toute approche philologique. Malgoire s’est fait de façon très bonhomme l’avocat de JE Gardiner pour sa toute nouvelle version d’alors. J’ai tout de suite éprouvé une sympathie pour cet homme qui ne s’est jamais démentie depuis. Mon amitié indéfectible avec sa fille Florence m’a permis de l’approcher dès la fin de nos études en Hollande. Et il m’a immédiatement appelé « pays » puisque nés l’un et l’autre en Avignon. C’est à partir de là que j’ai pu apprécier son œil goguenard et tendre sur la vie, les autres, la musique. L’impression d’être toujours à la fête. Très vite la séduction s’est transformée en respect, car en vacances dans sa maison provençale avec Florence je ramassais des photocopies de manuscrits de Luigi Rossi, de Monteverdi de Salieri. J’entendais pour la première fois des opéras de Lully et de Rameau sur instruments anciens avec des voix lyriques de grand calibres (Edda Moser en chasseresse! Elle la Reine de la Nuit idéale!). Je l’ai vu s’entourer des plus jeunes chanteurs pour ses projets fous à Tourcoing, je l’ai entendu parler le premier du diapason 392hz à l’Académie Royale de Musique avant la Révolution, il m’a fait diriger avant tout le monde me nommant son assistant sur une production scénique d’Hippolyte et Aricie de Rameau en Italie où j’ai appris énormément. Car on a à tort cru que Papy (ainsi l’appelait-on dans le milieu baroque français) était trop « gentil »: en fait je l’ai vu donner des myriades d’idées aussi bien dramatiques que vocales, une musique des mots toute à lui, toujours avec son œil rieur.
Il m’a fait confiance avant tout le monde comme il l’a fait avec de nombreux collègues qu’il faisait débuter, souvent dans des rôles qu’on ne leur aurait pas attribués sans lui. Là j’ai aussi découvert son talent de conteur, riche d’anecdotes, d’histoires drôles racontées avec son accent provençal et sa truculence. Et peut-être plus fameux auprès de ses proches, Jean Claude était un fin cuisinier et un gourmet toujours en éveil. Les restaurants gastronomiques italiens fréquentés ensemble ou les petits dîners chez lui dans cette improbable cité idéale de Ricardo Bofill.
Le monde baroque français est orphelin depuis aujourd’hui.
Requiescat in pace (sur les notes du Requiem de Campra qu’il a dirigé avant tout le monde)
Christophe ROUSSET 14 avril 2018
For those of you who can manage French, here is Christophe Rousset's touching tribute, posted on Facebook today:
Hommage à Jean-Claude Malgoire
Encore adolescent depuis ma province, débutant au clavecin j’ai entendu la voix de Malgoire pour la première fois sur France Musique à La Tribune des critiques de disques où l’écoute comparée se portait sur Acis & Galathea de Handel. L’époque était au travail de sape des anti- baroques comme Antoine Goléa qui fustigeaient systématiquement les instruments anciens, le diapason 415 hz et toute approche philologique. Malgoire s’est fait de façon très bonhomme l’avocat de JE Gardiner pour sa toute nouvelle version d’alors. J’ai tout de suite éprouvé une sympathie pour cet homme qui ne s’est jamais démentie depuis. Mon amitié indéfectible avec sa fille Florence m’a permis de l’approcher dès la fin de nos études en Hollande. Et il m’a immédiatement appelé « pays » puisque nés l’un et l’autre en Avignon. C’est à partir de là que j’ai pu apprécier son œil goguenard et tendre sur la vie, les autres, la musique. L’impression d’être toujours à la fête. Très vite la séduction s’est transformée en respect, car en vacances dans sa maison provençale avec Florence je ramassais des photocopies de manuscrits de Luigi Rossi, de Monteverdi de Salieri. J’entendais pour la première fois des opéras de Lully et de Rameau sur instruments anciens avec des voix lyriques de grand calibres (Edda Moser en chasseresse! Elle la Reine de la Nuit idéale!). Je l’ai vu s’entourer des plus jeunes chanteurs pour ses projets fous à Tourcoing, je l’ai entendu parler le premier du diapason 392hz à l’Académie Royale de Musique avant la Révolution, il m’a fait diriger avant tout le monde me nommant son assistant sur une production scénique d’Hippolyte et Aricie de Rameau en Italie où j’ai appris énormément. Car on a à tort cru que Papy (ainsi l’appelait-on dans le milieu baroque français) était trop « gentil »: en fait je l’ai vu donner des myriades d’idées aussi bien dramatiques que vocales, une musique des mots toute à lui, toujours avec son œil rieur.
Il m’a fait confiance avant tout le monde comme il l’a fait avec de nombreux collègues qu’il faisait débuter, souvent dans des rôles qu’on ne leur aurait pas attribués sans lui. Là j’ai aussi découvert son talent de conteur, riche d’anecdotes, d’histoires drôles racontées avec son accent provençal et sa truculence. Et peut-être plus fameux auprès de ses proches, Jean Claude était un fin cuisinier et un gourmet toujours en éveil. Les restaurants gastronomiques italiens fréquentés ensemble ou les petits dîners chez lui dans cette improbable cité idéale de Ricardo Bofill.
Le monde baroque français est orphelin depuis aujourd’hui.
Requiescat in pace (sur les notes du Requiem de Campra qu’il a dirigé avant tout le monde)
Christophe ROUSSET 14 avril 2018
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